Les troubles liés à l’utilisation des opioïdes prescrits médicalement
Michel Brabant, MD
Service de médecine des toxicomanies CHUM.
Professeur adjoint de clinique, Département de médecine familiale et médecine d’urgence (DMFMU), Université de Montréal.
Suzanne Brissette, MD
Service de médecine des toxicomanies et Centre de recherche CHUM.
Professeur agrégé de clinique, Département de médecine familiale et médecine d’urgence (DMFMU), Université de Montréal.
Pierre Lauzon, MD
Service de médecine des toxicomanies CHUM.
Chargé d’enseignement de clinique, Département de médecine familiale et médecine d’urgence (DMFMU), Université de Montréal.
Stéphanie Marsan, MD
Service de médecine des toxicomanies CHUM.
Chargé d’enseignement de clinique, Département de médecine familiale et médecine d’urgence (DMFMU), Université de Montréal.
Clairélaine Ouellet-Plamondon
Unité de psychiatrie des toxicomanies CHUM.
Professeur adjoint de clinique, Département de psychiatrie, Université de Montréal.
Marie-Chantale Pelletier
Service de médecine des toxicomanies CHUM.
Chargé d’enseignement de clinique, Département de médecine familiale et médecine d’urgence (DMFMU), Université de Montréal.
Résumé
Épidémiologie Au cours des 10 à 15 dernières années, le Canada est devenu le deuxième plus grand consommateur d’opioïdes de prescription (OP), principalement pour le traitement de la douleur. Cette augmentation a été plus marquée chez les 55 ans et plus. Même si personne ne conteste le droit des patients à recevoir des traitements adéquats pour la douleur, il n’en demeure pas moins que cette disponibilité accrue a entraîné son lot de problèmes : augmentation des visites à l’urgence et des décès liés aux opioïdes ainsi que du trouble lié à l’utilisation (TLU) des opioïdes, trouble qui est d’ailleurs associé à une prévalence accrue, de l’ordre de 40 %, de divers problèmes psychiatriques, dont les troubles dépressifs majeurs.
Neuroscience De nouvelles connaissances issues des neurosciences nous permettent de mieux comprendre la réaction du cerveau lors de l’exposition à ces substances et le caractère chronique du TLU des opioïdes. Quoique historiquement perçu comme une faiblesse de caractère ou un vice, le TLU des opioïdes est maintenant reconnu comme une condition chronique résultant d’une interaction complexe entre une substance, des facteurs d’environnement et un génotype individuel. Malheureusement, ces évidences scientifiques ne sont pas encore largement appliquées à la clinique et la majorité des médecins n’ont pas les habiletés nécessaires pour diagnostiquer et traiter le TLU des opioïdes.
Guides de pratique clinique Des recommandations et guides de pratique peuvent nous aider à identifier les personnes plus vulnérables à un mésusage, et à mieux encadrer la prescription et la gestion de la médication. Il ne s’agit pas de se désintéresser de ces patients et de les abandonner à leur sort mais plutôt de leur offrir des soins inspirés des meilleures pratiques et appuyés sur des évidences scientifiques de qualité.
Mots clés opioïdes de prescription, douleur chronique, trouble lié à l’usage des opioïdes
Opioid use disorder in patients with chronic non-cancer pain
Abstract
Epidemiology Canada now has the second highest number of opioid prescriptions per capita in the world. The rate of prescriptions has increased over the last decade, most notably in adults over 55 years of age. A recognition of the importance of treating pain has influenced this increase, but higher rates of opioid prescribing have produced undesirable outcomes including the misuse of medication as well as an increased number of deaths and emergency department visits attributable to opioids. Diverse psychiatric disorders, such as major depression, now also occur in 40% of those with an opioid use disorder (OUD).
Neuroscience We now understand that addictive behaviors are caused by both environmental and genetic factors. Although OUD has historically been perceived as a weakness of character, it is now clear that it is a chronic disease, which results from a complex interaction between a substance, such as opioid, environmental factors, and an individual’s genotype. Unfortunately, this evidence has yet to be successfully translated into clinical practice and most physicians are unable to diagnose and manage OUD patients appropriately.
Clinical guidelines Many clinical guidelines for the management of chronic, non-cancer pain are available. All guidelines identify the need to assess the patient appropriately and screen for factors associated with misuse before prescribing opioids. Guidelines generally acknowledge that patients should not be denied appropriate pain management, but that some patients will require close supervision and frequent follow-up to prevent the misuse of prescription opioids.
Keywords Prescription opioid; chronic pain; opioid use disorder
Auteur : Michel Brabant, MD; Suzanne Brissette, MD; Pierre Lauzon, MD; Stéphanie Marsan, MD; Clairélaine Ouellet-Plamondon, MD M. SC., FRCP; Marie-Chantal Pelletier, MD
Titre : Les troubles liés à l’utilisation des opioïdes prescrits médicalement
Revue : Santé mentale au Québec, Volume 39, numéro 2, automne 2014, p. 117-132
URI : http://id.erudit.org/iderudit/1027835ar
DOI : 10.7202/1027835ar
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