Vers une compréhension de la stigmatisation : quel est le stéréotype associé à la schizophrénie ?

Florence Yvon
Doctorante en neuropsychologie – Psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie
Antoinette Prouteau
MCU-HDR en psychopathologie cognitive et neuropsychologie, Université de Bordeaux, France

Résumé

La stigmatisation des personnes souffrant d’un trouble du spectre schizophrénique a pour origine l’existence d’un stéréotype associé à une catégorie sociale, ici la schizophrénie. L’objectif de cet article bref est de proposer une courte synthèse de la littérature récente ayant exploré le contenu du stéréotype associé à la schizophrénie, en anglais et en français, et de proposer des perspectives de recherche basées sur les évolutions récentes de ce domaine.

Le stéréotype associé à la maladie mentale en général est clairement négatif. Le modèle le plus répandu dans la littérature postule l’existence de quatre facteurs qui en constituent le contenu : attribution de la responsabilité de la maladie, dangerosité, faible pronostic, imprévisibilité et incompétence dans les rôles sociaux. Si le stéréotype peut varier selon les pays, il est clairement associé à la discrimination et au désir de mettre les personnes à distance socialement. Le stéréotype diffère également entre les maladies mentales. En comparaison aux troubles bipolaires ou à l’autisme, la schizophrénie concentre les aspects les plus négatifs du stéréotype associé à la maladie mentale, notamment en termes de dangerosité et de distance sociale.

L’étude du stéréotype, en pleine expansion, demande encore des études spécifiques et la mise à l’épreuve des modèles non validés, pourtant largement utilisés dans la littérature psychiatrique. L’importation des méthodes et des modèles de la psychologie sociale constitue une piste prometteuse. Ainsi, la production de données utilisables par tous les acteurs du terrain, usagers, familles et professionnels, implique la constitution d’équipes pluridisciplinaires dans les projets futurs.

Mots clés : stéréotype, schizophrénie, stigmatisation

Abstract

Towards an Understanding of Stigma: What is the Stereotype Associated with Schizophrenia

Objectives Stigmatization of people suffering from schizophrenia spectrum disorder relies on the existence of a stereotype which is associated with a social category, here schizophrenia. The short report’s aim is to briefly synthesize the recent literature about the content of the stereotype associated with schizophrenia, and to suggest some perspectives for future studies, on the basis of recent advances in the domain.

Methods First, we present the theoretical concepts of stigma and stereotype. Second, we propose a brief synthesis of the recently published articles focusing on the content of schizophrenia stereotype in the general population, in English and in French.

Results The stereotype associated with mental illness is clearly negative. The most common model in the literature assumes 4 factors in the content of stereotype: attribution of responsibility in the condition, dangerousness, poor prognosis, unpredictability and incompetence in social roles. If the stereotype could vary among countries, it is clearly associated with desire for social distance and discrimination. The stereotype also varies among mental illnesses. Compared with bipolar disorders and autism, schizophrenia focuses the most negative aspects of mental illness stereotype, especially in terms of dangerousness and social distance.

Conclusion The study of stereotype, though rapidly growing, still raises questions about the validity of commonly used models in the psychiatric literature, and may benefit from further specific studies. Social psychology models and methods appear to be a promising perspective. The production of data, useful for users, families as well as for professionals may require multidisciplinarity for future projects.

Key words: stereotype, schizophrenia, stigma

Auteurs : Florence Yvon et Antoinette Prouteau
Titre : Vers une compréhension de la stigmatisation : quel est le stéréotype associé à la schizophrénie ?
Revue : Santé mentale au Québec, Volume 42, numéro 2, automne 2017, p. 125-131
URI : http://id.erudit.org/iderudit/1041919ar
DOI : 10.7202/1041919ar

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