Amorcer un traitement antipsychotique en schizophrénie : la situation au Québec de 1998 à 2006

Jean-Daniel Carrier
Groupe de recherche PRIMUS, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Sherbrooke (CHUS), Québec, Canada
Département de psychiatrie, Université de Sherbrooke, Québec, Canada
Lucie Blais
Faculté de pharmacie, Université de Montréal, Québec, Canada
Centre de recherche, Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, Québec, Canada
Chaire pharmaceutique AstraZeneca en santé respiratoire, Montréal, Québec, Canada
Alan Cohen
Groupe de recherche PRIMUS, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Sherbrooke (CHUS), Québec, Canada
Département de médecine de famille et de médecine d’urgence, Université de Sherbrooke, Québec, Canada
Josiane Courteau
Groupe de recherche PRIMUS, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Sherbrooke (CHUS), Québec, Canada
Département de médecine de famille et de médecine d’urgence, Université de Sherbrooke, Québec, Canada
Pasquale Roberge
Groupe de recherche PRIMUS, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Sherbrooke (CHUS), Québec, Canada
Département de médecine de famille et de médecine d’urgence, Université de Sherbrooke, Québec, Canada
Annie Larouche
Groupe de recherche PRIMUS, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Sherbrooke (CHUS), Québec, Canada
Sylvain Grignon
Département de psychiatrie, Université de Sherbrooke, Québec, Canada
Marie-Josée Fleury
Université McGill, Montréal, Québec, Canada
Institut universitaire en santé mentale Douglas, Montréal, Québec, Canada
Alain Lesage
Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, Québec, Canada
Marie-France Demers
Faculté de pharmacie, Université Laval, Québec, Canada
Marc-André Roy
Département de psychiatrie et de neurosciences, Université Laval, Québec, Canada
Centre de recherche CERVO, Québec, Canada
André Delorme
Département de psychiatrie, Université de Montréal – Direction de la santé mentale, ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, Canada
Alain Vanasse
Groupe de recherche PRIMUS, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Sherbrooke (CHUS), Québec, Canada
Département de médecine de famille et de médecine d’urgence, Université de Sherbrooke, Québec, Canada

Résumé

Contexte Cet article vise à décrire les facteurs associés à la prescription d’antipsychotiques par un psychiatre plutôt qu’un omnipraticien, la prescription d’un antipsychotique de seconde plutôt que de première génération, la prescription d’une multithérapie d’antipsychotiques et le non-renouvellement de la prescription initiale.

Méthodologie Il s’agit d’une étude pharmacoépidémiologique observationnelle avec analyses secondaires d’une banque de données médicoadministratives (RAMQ). Les données disponibles portaient sur un échantillon exhaustif des personnes adultes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie et ayant obtenu un antipsychotique couvert par le régime public d’assurance médicaments de 1998 à 2006. Les résultats de régression logistique multiple sont rapportés.

Résultats Parmi les 16 225 personnes éligibles, 46,2 % étaient des femmes et 70 % étaient bénéficiaires d’une aide financière. La clientèle des psychiatres était plus jeune et plus atteinte au niveau de la santé mentale. La multithérapie était associée aux hospitalisations pour psychose, au faible statut socio-économique et à un âge entre 35 et 64 ans. Les antipsychotiques de seconde génération ont pris une place importante au cours de la période à l’étude. Le non-renouvellement était associé à l’abus de substances et était moins fréquent suite à une hospitalisation pour trouble mental.

Conclusions Malgré les limites liées à l’utilisation de données administratives, l’utilisation d’une banque de données exhaustive provenant autant de médecine générale que de spécialité permet à cette étude de brosser un portrait populationnel pertinent pour connaître la situation réelle du traitement incident de la schizophrénie au Québec de 1998 à 2006, une période caractérisée par l’introduction des antipsychotiques de seconde génération.

Mots clés : schizophrénie, antipsychotiques, pharmacoépidémiologie, analyses secondaires

Abstract

Initiating an antipsychotic drug treatment for schizophrenia: the situation in Quebec, Canada, from 1998 to 2006

Objectives To describe factors associated with the following characteristics of the first prescription of an antipsychotic drug treatment (ADT): 1) prescribing physician type (psychiatrist vs. general practitioner); 2) second-generation vs. first-generation antipsychotic drug; 3) in conjunction with at least one additional antipsychotic drug (multitherapy); 4) never renewed by the patient.

Methods This is a pharmacoepidemiologic study using administrative data from the Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), the public healthcare insurer in Quebec, Canada. Available data sample was exhaustive for adults with a diagnosis of schizophrenia who received an ADT under RAMQ drug coverage from 1998 to 2006. We report multiple logistic regression results.

Results Among 16,225 patients who met inclusion criteria 46.2% were women and 70% were beneficiaries of governmental financial assistance. Patients who had their ADT prescribed by psychiatrists tended to be younger and were more burdened by their mental illness. Multitherapy was associated with hospitalization with a psychotic disorder as main diagnosis, lower socioeconomic status, and age between 35 and 64. Second-generation antipsychotic use became progressively more prominent during the period under study. Antipsychotic non renewal was correlated with substance use disorders and was less likely to happen following hospitalization with a psychiatric main diagnosis.

Conclusions Although this study is subject to the intrinsic limitations of secondary analysis of administrative data, the database available for study was exhaustive within the Quebec healthcare system and included data from both general practice and specialized care, which allowed us to draw a relevant picture of how ADT were initiated for schizophrenia in Quebec, Canada, from 1998 to 2006. This timeframe is especially relevant since the 1990s were marked by the introduction of second-generation antipsychotics in Canada.

Keywords: schizophrenia, antipsychotic drugs, pharmacoepidemiology, secondary data analysis

Auteurs : Jean-Daniel Carrier, Lucie Blais, Alan Cohen, Josiane Courteau, Pasquale Roberge, Annie Larouche, Sylvain Grignon, Marie-Josée Fleury, Alain Lesage, Marie-France Demers, Marc-André Roy, André Delorme et Alain Vanasse
Titre : Amorcer un traitement antipsychotique en schizophrénie : la situation au Québec de 1998 à 2006
Revue : Santé mentale au Québec, Volume 42, numéro 1, printemps 2017, p. 85-103
URI : http://id.erudit.org/iderudit/1040245ar
DOI : 10.7202/1040245ar